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Entretien avec Astronautalis

Ses shows ont la réputation d'être de véritables performances théâtrales mixant musique et performance artistique. D'abord connu pour son freestyle inventif, nourri aux battles, remarqué plus d'une fois au festival Scribble Jam et souvent comparé à Buck 65, le floridien hyperactif Astronautalis nous aura fait ces derniers mois la grâce d'une tournée européenne avec l'ami Bleubird et d'un album somme toute remarquable, This Is Our Science sorti chez Fake Four - album l'ayant installé à un niveau de reconnaissance plus large. Il fallait bien une petite discussion pour couronner ça, il nous l'a sympathiquement accordée.

Trip-Hop.net : Merci mille fois Andy de prendre le temps de discuter avec nous, je sais que tu passes ta vie à tourner et à écrire de la musique et que tu es toujours à court de temps.. "Keep your acres, my home is where my hat is hung", ça ressemble à ce que tu vis ces derniers temps, non?

Oui c'est autant un cri de guerre qu'un truc auquel je n'ai pas d'autre choix que de me résigner.. Vivre cette vie, c'est devoir accepter que tu ne seras peut être jamais une personne normale, que tu n'auras peut-être jamais ni stabilité ni une maison à toi... mais si c'est le prix à payer pour avoir cette vie-là.. alors qu'il en soit ainsi!

Trip-Hop.net : Tu viens de Jacksonville, Floride, tout comme Radical Face et Rickolus: il y a une option "indie pop" au lycée de Jacksonville?

Hahaha... Tous les trois on en a plus appris sur la musique au Pablo 9 Cinema que dans n'importe quelle école qu'on ait fréquentée. On a tous bossé là-bas quand on était au lycée, et on peut raisonnablement avancer que malgré les projecteurs les plus pourris et les pires ouvreuses, le Pablo 9 a eu la meilleure musique d'ambiance jamais passée dans un cinéma.

Trip-Hop.net : Tu as fait des études de théâtre et à la base, tu es directeur artistique, mais il semble que ta place était SUR scène, pas derrière... Pas de regrets?

Pas de regrets, mais la mise en scène me manque. Le théâtre me manque, c'est mon grand amour, mais le théâtre est très différent de la musique. Tu peux pas construire une pièce entière assis derrière ton ordi depuis chez toi, dans ton apart pourri. Tu peux écrire une pièce, mais tu ne peux pas monter la production. Ça demande du temps, ça demande de l'argent, et ça suppose de devoir gravir les échelons du monde traditionnel, ce qui n'est plus le cas avec la musique. Cela étant dit, j'ai appris à aimer être sur scène.

Trip-Hop.net : Tu peux nous parler de tes racines en musique? Tu es un incroyable rappeur et storyteller, tu pratiques sans cesse depuis des années, continuellement en tournée ou en production. Tu as commencé gamin ? Est ce que ta famille a encouragé ton choix de carrière artistique?

Mon père a eu une vie étonnante, il a été conducteur de train, il a été dans les bérêts verts, mais c'était avant tout un agitateur, et c'est le mec le plus doué que je connaisse pour raconter des histoires. Ma mère est photographe et designer graphique, elle m'a tout appris de l'esthétique et des arts. Mes parents, en plus de mes frères ont toujours eu des goûts incroyables en musique, arts et cinéma... Il y avait toujours de la musique à la maison. De la musique en tous genres, Van Morrison, Bob Dylan, The Clash, The Smiths, Sam & Dave, Teddy Pendergrass, Blur, De La Soul, Gangstarr, etc etc... J'ai eu énormément de chance d'avoir une famille aussi géniale et autant de soutien. Je n'en serais nulle part sans eux.

Trip-Hop.net : Ce quatrième album, This is Our Science, a rencontré un large succès, te propulsant à des places inhabituelles pour un artiste indé. "5 personnes - 500 personnes, même show": c'est vrai ? Comment tu gères ce succès, est-ce que c'est une sorte d'accomplissement personnel ?

C'est vrai, tout s'est accéléré depuis la sortie de l'album, mais ma carrière est toujours basée sur le bouche à oreille. C'est marrant, je peux jouer un soir pour 47 personnes et un état plus loin, pour 400. Je n'attire toujours que 100 personnes dans certaines villes de mon propre état de Floride, mais j'en ai attiré 300 à Budapest ? L'attention s'est accrue, mais c'est pas non plus l'explosion universelle, Pitchfork n'a même pas chroniqué mon album.. Ça se construit de ville en ville, avec les gens qui s'échangent ma musique et la mettent dans leurs mixes pour leurs copines donc, bien que les choses se soient accélérées ça n'a pas radicalement changé ma vie... qui est en fait est très sympa. J'arrive à toucher beaucoup de monde par mon travail, mais je vais toujours au supermarché.

Trip-Hop.net : Est-ce que ça fait de toi un homme riche, ou est-ce que tu continues à partager les chambres d'hôtel en tournée? A propos d'Europe, comparée à la dernière fois, tu as l'impression que ta fan base a grandi depuis This is Our Science?

C'est pas les chambres qu'on partage : c'est la chambre. Cinq types, une chambre d'hôtel toute pourrie. Je suis très loin d'être un homme riche, à Minneapolis je vis dans une petite maison miteuse que je partage avec deux colocataires, un chien et un bébé... Mais je paye mes factures dans les temps, et je peux m'acheter un nouveau jean de temps à autre. Je suis heureux avec ça. D'une façon générale les fans sont plus nombreux, ce qui ce qui simplifie les tournées d'un point de vue financier, et les rend bien plus sympas.

Trip-Hop.net : Pop anglaise, indie rock, folk, on trouve de nombreuses influences dans tes albums, mais tu restes avant tout un rappeur : est-ce que tu penses refaire un jour un album totalement rappé, avec un seul beatmaker, un peu comme un retour aux sources ? Est-ce que tu as prévu de retravailler avec Radical Face ? Avec qui est ce que tu aimerais le plus bosser ?

J'ai sorti une mixtape de rap intitulée DANCEHALLHORNSOUND, et j'ai l'intention d'en sortir une ou deux autres... J'aime toujours le rap... Je crois que je ne laisserai jamais tomber ça. J'ai travaillé avec Ben (Ben Cooper aka Radical Face, ndlr) sur le dernier album, et nos chemins ne cessent de se croiser à nouveau. Si je pouvais bosser avec n'importe qui tout de suite maintenant, ce serait avec James Blake, Mike Eagle, The Dream et Little Dragon... tous sur un même titre je pense ?

Trip-Hop.net : Tu as tourné avec un groupe entier l'an dernier aux États-Unis, mais tu étais en mode solo avec ton ordi durant cette dernière tournée européenne. A t-on une chance de voir le groupe en Europe un jour? Jouer solo ou avec un groupe, c'est quoi ta formule préférée?

J'amènerai le groupe en Europe dès que je pourrai me le permettre. Ça coûte juste une fortune de faire traverser l'Atlantique à un groupe entier, et je peux pas vraiment me le permettre. J'aime la liberté que permet la formule solo avec ordi, mais pour moi rien ne vaut le plaisir de jouer avec le groupe.

Trip-Hop.net : Ton album est un travail collectif, nourri de tes expériences sur la route. Est-ce que ça explique le côté plus enthousiaste, plus pop? "This is Our Science": est-ce que ça à voir avec cette vie d'artiste, cette vie hors des sentiers battus que tu vis?

L'idée de faire un album pop m'intéressait avant même d'avoir réuni tout le monde sur cet album. J'aime la pop, je trouve qu'il y a quelque chose d'incroyable dans ces refrains accrocheurs, ces chansons qui donnent envie de chanter avec... Surtout si tu parviens à faire encore quelque chose d'intéressant, avec des textes enrichissants, un vrai challenge. Quant à la deuxième partie de la question, ce titre évoque cette vie peu conventionnelle, ça établit un parallèle entre le mécanisme des avancées scientifiques et celui de la découverte artistique et/ou de soi-même..

Trip-Hop.net : Une des différences entre cet album et ceux d'avant, c'est le caractère plus personnel des textes: tu parles de toi et de ta vie. Qu'est-ce qui t'a finalement poussé à partager davantage d'expériences personnelles? Est-ce que c'est une façon de grandir et de gagner en confiance?

Je donne de moi-même sur scène et en ligne tous les jours, mais je ne l'avais pas encore fait dans ma musique... J'ai senti qu'il était temps pour moi de détruire ce mur et de tout réunir. Ça a changé ma façon d'écrire, ça a changé le langage utilisé et ça m'a ouvert de nouvelles pistes qui m'ont beaucoup stimulé... ce qui est précisément ce que j'attends de chaque album. Je ne suis pas sûr d'être un jour adulte, mais j'espère ne jamais cesser de grandir !

Trip-Hop.net : Puisqu'on en parle, c'est quoi ton morceau préféré sur This Is Our Science?

J'aime beaucoup Measure The Globe... pour pas mal de raisons, à la fois artistiques et personnelles.

Trip-Hop.net : Est ce que tu commences à penser à la façon dont le public va accueillir un titre, avant même de l'enregistrer ou de le jouer ?

Ça dépend de l'album, j'étais à des lieues d'y penser avec Pomegranate (troisième album, sorti en 2008 chez Eyeball Records, ndlr) alors qu'avec This is Our Science j'avais en tête la performance live. Je voulais des chansons qui soient super stimulantes en live, stimulantes pour moi et pour le public.

Trip-Hop.net : La façon dont les gens font de la musique a pas mal changé: un artiste peut produire et enregistrer un album entier tout seul chez lui, internet permet à deux artistes de travailler ensemble en habitant sur des continents différents, la musique peut être facilement diffusée et partagée sur internet. C'est un boulot à plein temps, c'est probablement épuisant, mais c'est possible. Penses-tu que ta carrière soit un exemple de ça?

C'est la colonne vertébrale de toute ma carrière. Mes fans m'ont connu par le bouche à oreille et en se partageant ma musique sur internet. Ma musique a été composée sur des ordinateurs, dans des chambres à coucher et souvent avec des gens habitant à des milliers de kilomètres. J'ai une toute petite équipe qui m'aide à promouvoir les disques mail après mail et post après post. C'est long, c'est beaucoup de travail mais ça marche... et c'est génial.

Trip-Hop.net : This is our Science est sorti chez Fake Four Inc, le label de Ceschi, intéressant label indé label en plein développement. Tu as aussi travaillé sur l'album Cannonball de ton vieil ami Bleubird et tourné avec lui en Europe. A quoi ressemble l'expérience Fake Four ? Comment s'est passée la tournée ?

Fake Four a été remarquable, c'est un petit label mais qui comprend les changements auxquels l'industrie musicale est confrontée et ils sont un énorme soutien pour les artistes et leur désir de faire une musique aussi géniale qu'étrange. C'est le premier label à m'avoir demandé comment je voulais travailler et qui a pris mon avis en considération pour promouvoir ma musique. Pour ce qui est de travailler et de tourner avec Bleubird... c'est TOUJOURS un moment génial et une bonne tranche de rigolade. Un des meilleurs moments de la tournée restera la fois où on s'est retrouvé entassés dans la voiture de location avec un organisateur de concert polonais super gentil, à contresens sur une route de Wroclaw. Je suis encore mort de rire en repensant à cet adorable gamin polonais, "Tourne à gauche! Maintenant, FONCE!!!!!

Trip-Hop.net : Est-ce que tu échangerais ta vie contre celle d'un premier ministre ?

Jamais.

Trip-Hop.net : On dirait bien que tu es toujours en train d'écrire des chansons ou de faire des beats donc, quoi de neuf pour 2012? Qu'en est-il de ce Four Fists album avec P.O.S? Bleubird a dit qu'il revenait bientôt en Europe, et toi ?

On revient en Europe avec Bird en juin. Je travaille sur le Four Fists, sur quelques side-projects cool avec des amis et je fais aussi des mixtapes et je tourne, tourne, tourne. Et je vais probablement me faire encore quelques tatouages à la con...

Trip-Hop.net : Pour une raison quelconque, tu dois quitter les Etats-Unis pour le reste de ta vie. Où vas-tu ?

J'adore l'Europe centrale et méditerranéenne... Avec un gros coup de coeur pour la République tchèque et la Slovaquie.

Trip-Hop.net : Par contre tu ne peux emporter que trois livres et trois albums...

Livres: Conte d'Hiver de Mark Helprin, tout William Shakespeare, une collection de photos du magazine Life.
Musique: Music For Egon Schiele de Rachel's, Red Apple Falls de Smog, Drankenstein Live de Bird Peterson.

Trip-Hop.net : Mais tu gagnes 66 millions de dollars le lendemain et tu peux donc t'acheter des tonnes de livres et de disques Qu'est ce que tu fais si tu deviens soudainement riche ?

Je donne la quasi-totalité à mon père pour éviter de tout dépenser en livres, whisky et dents en or... et avec le reste je fais construire une maison de rêve à la campagne pour que mes amis puisse venir passer du temps au milieu de nulle part et faire de la musique à toute heure du jour et de la nuit. Et j'achète sans doute une voiture au look bien débile!

Trip-Hop.net : Le mot de la fin : café ou whisky, duquel tu ne pourrais pas te passer ?

Café. J'arriverais jamais à me sortir du lit pour boire du whisky s'il n'y avait pas le café.

Trip-Hop.net : Encore merci Andy d'avoir répondu à nos questions, surtout ne change rien !

Propos recueillis par : Mag.
 
 
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