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Voilà une petite année que je suis Sorrow Leads To Salvation, le projet d'Adam Maylow, producteur basé à Kiev, dont l'EP A Memory Of Light sorti en décembre 2012 m'avait déjà interpellée par sa noirceur et sa nostalgie, outre sa référence au poète américain Stephen Crane. C'est donc avec plaisir que j'ai vu arriver à l'automne dernier un album complet sur le netlabel ukrainien Ultra Vague Recordings, auquel je dois par ailleurs mes premiers émois musicaux à l'est de l'Europe...

Adam Maylow puise apparemment une partie de son inspiration dans ses lectures, notamment Philip K. Dick, prolifique auteur de science-fiction à l'origine des scénarios de Blade Runner, Minority Report ou Total Recall (*). Collant à l'atmosphère oppressante de ces univers troubles et illusoires, Million Years Of Sorrow garde la veine sombre et mélancolique des précédentes compositions de l'artiste, tout en allant plus loin. Invitant une voix féminine (Alice Wonder, également de Kiev) et des cuivres à la chaleur réconfortante, Adam Maylow tempère la première partie de son album, offre un peu de douceur à des rythmes qui ne demandent qu'à se débrider : l'introduction avec I'm Still Waiting, le mariage réussi voix / arrangements sur Ambivalence et Break Free, l'étrange parfum d'Asie sur Hold On... Jusqu'à l'éponyme Million Years Of Sorrow qui fait basculer la suite dans un registre beaucoup plus inquiétant : le tempo, plus agressif, s'habille d'électro brut, aux sonorités froides et industrielles (End Of The Line, Blurred Youth, The Phantom Pain...), au milieu desquelles Another Story, à l'ambiance hésitant entre jazz et violons classiques, apporte un répit bienvenu. Nimbés de nappes synthétiques, Frozen et I'm Not Your Friend fonctionnent plutôt bien, avec un planant Farewell qui conclut plus tranquillement l'ensemble.

Sorrow Leads To Salvation entraîne l'auditeur vers un voyage intérieur, intrigant mais pas toujours confortable, se révélant plus subtil qu'il n'y paraît au premier abord ; un bon son et une écoute au casque sont fortement conseillés, au risque sinon de passer à côté de ces quatorze titres, de certaines intonations, de murmures, d'instruments, de césures... En somme, une musique qui nous surprend, ne nous emmène pas là où on l'attend ; un album qui livre peu à peu ses secrets et en conserve d'autres, à l'image de son créateur, dont Adam Maylow, il faut l'avouer maintenant, n'est pas le véritable nom, mais celui d'un personnage imaginaire...

Lacar

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